À l’hôtel du Manoir du Lac William dans la municipalité de Saint Ferdinand s’a déroulé une conférence sur la déficience visuelle ou les conférencières invitées, Karine Descôteaux et Louis Fortin ont donné des témoignages touchants et des pistes d’action inspirantes. Karine Descôteaux directrice générale de l’organisme depuis huit ans, a raconté son propre parcours marqué par la perte progressive de la vue due à une rétinite pigmentaire, une maladie dégénérative héréditaire.

Silvana Suarez Ardila - Initiative de journalisme local

« J’ai perdu la vue à 38 ans, j’en ai 48 aujourd’hui. J’étais une femme très active, je dessinais, je faisais du sport, je conduisais une moto. Quand la cécité m’a frappée, j’ai cru que ma vie s’arrêtait. Finalement, elle a juste pris un autre chemin », a raconté elle avec la voix légèrement tremblante d’émotion.

Cependant Karine a repris sa vie en main dû à son retour aux études, a l’implication communautaire, et surtout, à l’accompagnement des autres. Elle a évoqué la mission de l’AERA : aider les personnes aveugles ou malvoyantes à développer leur autonomie, en milieu scolaire, professionnel ou récréatif.

« L’accessibilité, c’est un droit fondamental. Pas seulement le transport ou les trottoirs, mais aussi l’accessibilité web, les documents bancaires, les musées, les loisirs. On doit penser à tout, car pour nous, l’environnement est une boussole », explique-t-elle.

L’organisme offre une panoplie de services : formations technologiques, activités sportives intégrées, ateliers culturels, accompagnement psychosocial, et plus encore.

La conférence a aussi permis de mettre en lumière les défis de l’inclusion. Si l’ouverture existe de plus en plus dans la région, Karine souligne qu’il reste encore du chemin à faire : « Les gens pensent souvent que c’est accessible parce qu’on peut circuler, mais ils ne voient pas les obstacles. Un poteau mal placé, une pancarte basse, et c’est une chute. »

Louis Fortin, formateur en technologie adaptée, a quant à lui présenté les innovations qui permettent aux personnes non voyantes d’utiliser les outils du quotidien : iPhone avec synthèse vocale, téléviseurs parlants, logiciels braille et assistants vocaux.

« Ce sont les mêmes technologies que tout le monde utilise, on active simplement les bonnes fonctions », dit.

L’AERA propose aussi des initiatives pour briser l’isolement, comme les appels hebdomadaires « Bonjour, comment ça va ? », effectués par des bénévoles auprès de membres isolés. « Ce sont de petits gestes, mais ils peuvent changer une vie », souligne Karine.

L'organisme, actif depuis 52 ans, a su se réinventer avec une approche humaine et inclusive.

« On ne crée pas des activités pour les aveugles, on les intègre avec les autres. Nos membres font du cardio, de l’aérobie, du yoga, dans des groupes réguliers. Ils ont juste besoin qu’on leur fasse confiance », affirme Karine.